La promesse de ce documentaire réalisé par Geroges Gachot est de nous montrer la Samba de la manière la plus authentique possible, bien loin des clichés des spectacles pour touristes organisés pendant le grand carnaval de Rio. La samba, c’est cette danse brésilienne faite de percussions tribales, de chants immémoriaux et de mouvements de hanche sensuels.
Chaque année, dans les rues de Rio, les écoles de Samba s’affrontent dans une immense orgie de costumes à plumes et de tambour. Nous suivons donc les danseurs de la Vila Isabela, l’une des plus réputées et sa mascotte, le compositeur Martinho da Vila.
Un apôtre de l’hédonisme
Martinho da Vila est un de ces personnages atypiques qui, lorsqu’on leur pose une question, ne peuvent répondre autrement qu’en attrapant un instrument et en improvisant une ballade passionnée au sujet d’une ancienne conquête féminine. Martinho pourrait bien être l’ambassadeur de la samba tant il semble l’incarner parfaitement, jusque dans sa philosophie de vie. Des quartiers de Rio en plein préparatifs des festivités jusqu’aux rues parisiennes où il va rencontrer Nana Mouskouri pour un duo aussi improbable que réjouissant, nous suivons les pérégrinations de cet apôtre de l’hédonisme.
La samba revêt évidemment une dimension sociale, c’est la musique qui s’élève du cœur des favelas. Mais il n’est pas question ici de revendication politique ou de lutte de classes, la samba, c’est simplement la célébration de la vie, la fierté de venir de ces quartiers populaires, enfin et surtout la fierté d’être brésilien. Ce mélange de sensualité et d’extraversion fait complètement partie de la culture sud-américaine, comme l’analyse un des protagonistes du documentaire qui concède néanmoins que les Européens en font autant mais de manière pudique.
Le plan qu’on retiendra : la dernière image où le défilé des danseurs passe au milieu du public, suivi immédiatement d’un cortège de balayeurs qui effacent les traces de cette débauche de percussions et de plumes, comme pour souligner le côté éphémère de la performance. Puis dans le coin de l’image, cette femme qui continue à danser toute seule comme possédée par la musique. Et lorsque les lumières se rallument, on se surprendrait presque à en faire de même.